France Bière Challenge 2018 : un compte-rendu
Auteur : Emmanuel Gillard - Publié le 20 mars 2018

La première édition du France Bière Challenge s'est déroulée le vendredi 16 mars 2018 à Paris. Ayant eu la chance de vivre cette aventure en tant que juré, je vous livre mes impressions sur cette journée bien remplie.

Le France Bière Challenge est une compétition nationale de bières, réservée à la production française. Il s'agit d'une émanation du Brussels Beer Challenge qui a débuté en 2012 sur Bruxelles. Depuis lors, cet évènement est devenu itinérant en Belgique. La ville hôte de l'édition 2017 était Namur tandis que ce sera le tour de Malines (Mechelen en flamand) en 2018. A la différence du France Bière Challenge qui n'est ouvert qu'aux bières françaises, le Brussels Beer Challenge est une compétition internationale. Tous deux sont organisés par la société Becomev (Beer,  Communications and Events) dirigée par Thomas Costenoble et Luc De Raedemaeker. Signalons également la création d'un Dutch Beer Challenge aux Pays-Bas en 2015.

L'édition française est chapeautée par Elisabeth Pierre, Commissaire Générale, et Hervé Loux qui officie comme Manager Technique. La session de dégustation a eu lieu à l’Ecole Hôtelière Ste Thérèse Fondation Apprentis d’Auteuil, dans le 16^ème arrondissement. Ce ne sont pas moins de 420 échantillons qui ont été soumis aux papilles expertes de 50 jurés provenant de 11 pays différents. Sachant qu'il y a plus de 1250 brasseries en activité en France, il reste de la marge pour les prochaines années. Pour ma part, bien que résidant en France, un petit drapeau belge sur ma table rappelait mes origines. Les bières étaient réparties en 30 catégories pouvant recevoir chacune des médailles d'or, d'argent et de bronze. Le coût de participation varie entre 90 et 100 euros par échantillon, selon la date d'inscription.

Autant le dire tout de suite, pour une première édition, l'organisation était excellente. On voit bien que toute l'expérience du Brussels Beer Challenge a été mise à profit pour garantir le succès de cette journée.

A l'heure où de nombreux articles de presse ont décrié la multiplication des concours de bière et l'éthique parfois douteuse de certains d'entre eux, il me paraît utile d'analyser les moyens mis en œuvre par le France Bière Challenge pour en garantir l'éthique et la légitimité.

• La sélection de jurés regroupait de nombreuses personnalités faisant autorité en la matière, la plupart rompues à ce genre d'évènement. La liste des jurés est accessible sur internet (http://francebierechallenge.fr/jury) avec pour la plupart leurs compétences et leur fonction,

• Les jurés ne sont pas rémunérés,

• Les échantillons sont servis par les élèves de l'école hôtelière au fur-et-à-mesure de l'avancement des dégustations, pour garantir la fraîcheur. Bonne température de service et verrerie adaptée et propre,

• Le service des bières est réalisé dans une pièce inaccessible aux jurés, garantissant ainsi l'anonymat des échantillons dégustés,

• La liste des catégories est parfaitement définie et compréhensible, que ce soit pour les consommateurs, les jurés ou les brasseurs qui doivent y inscrire leurs échantillons. Cette liste est accessible sur internet. Les bières sont réparties en huit catégories principales (ale, lager, stout / porter, bières de blé et autres céréales, bières acidulées et sures, bières rustiques, bières avec ajouts d'ingrédients et bières particulières) et déclinées en 30 catégories. Les métriques associés à ces catégories (densité initiale, densité finale, alcool en volume, amertume en EBU, couleur en EBC) sont repris dans un tableau,

• Un échantillon de bière ne peut être présenté que dans une seule catégorie,

• Les bières d’étiquettes (copie identique d’une bière déjà existante) sont interdites,

• Un minimum de production annuel de 25 hectolitres est requis, écartant de fait le brassage amateur,

• Les bières à façon sont autorisées à condition de mentionner son lieu de brassage,

• Les organisateurs du France Bière Challenge assurent un contrôle des bières médaillées en comparant une sélection de ces bières à des échantillons achetés de manière anonyme. L'idée est de garantir que l'échantillon dégusté correspond bien aux bières commercialisées par le brasseur,

• Les jurés sont répartis en tables de quatre, sous l'autorité d'un responsable veillant au bon déroulement de la session. Pour ma part, j'ai eu la chance de bénéficier des compétences de Gabriela Montandon (Brésil - PhD inr Microbiology & certified beer judge Technical manager in sensory analysis chez Fermentis), Benjamin Roffet (France - Meilleur Sommelier de France 2010 et Meilleur Ouvrier de France Sommellerie 2011) et Michael Gelender (Belgique - Président Malt&Mout Sales Manager Brewpark) qui officiait comme responsable de table. Chaque juré doit noter un maximum de 36 bières en une journée. Notre table n'a eu qu'une seule catégorie à déguster, à savoir les bières de blé,

• Chaque catégorie pouvait se voir attribuer une médaille d'or, d'argent et de bronze. En tant que jurés, nous disposions de la liberté de ne pas attribuer de médaille si nous considérions que les échantillons présentés ne disposaient pas des critères requis,

• Un briefing a été dispensé aux jurés afin de leur rappeler les règles du concours et les modalités de dégustation.

Tous ces moyens sont destinés à garantir au maximum le fait que chaque médaille décernée soit amplement méritée.

Remarquons que la liste de l'ensemble des échantillons présentés au concours n'a pas été divulguée. Il n'y avait également pas de nombre minimum d'échantillons au sein d'une catégorie. Enfin, il n'y avait pas de limite dans le nombre maximal d'échantillons présentés par une brasserie. De ce fait, il était possible de faire concourir jusqu'à 30 bières différentes, à savoir une par catégorie.

Après cette longue matinée studieuse (de 9h00 à environ 13h00), nous avons eu l'occasion d'apprécier le lunch élaboré par les élèves de l'école hôtelière. La deuxième partie de la journée fût plus récréative. Tout d'abord, avec la visite de la Brasserie de l'Être (19^ème arrondissement). Puis, la visite avec atelier bières et fromages à la Paname Brewing Company, située à quelques minutes à pied. Enfin, le repas du soir s'est déroulé au restaurant Vivre, dans le deuxième arrondissement. Chaque plat était servi avec une bière spécifique, mon coup de cœur allant à la Page 24 vieillie en fût de Meursault.

Mais le plus important, ce qui finalement restera dans la mémoire de chacun des participants, est l'excellente ambiance, la simplicité des rapports humains et la convivialité de tous. Merci à vous