De retour du plus grand festival brassicole de France!
Auteur : Emmanuel Gillard - Publié le 25 avril 2018

Les chiffres annoncés dans la presse, préalablement à l'ouverture du festival, étaient alléchants. Nicolas Dumortier, programmateur et co-organisateur du Lyon Bière Festival, ambitionnait 10.000 visiteurs attendus sur 2 jours, 105 brasseurs réunis dont une quarantaine d'étrangers et plus de 300 bières différentes. Alors, ce festival a t'il tenu ses promesses?

 


Le dancefloor

Je laisserai le soin aux organisateurs d'annoncer le chiffre officiel des visiteurs mais l'objectif des 10.000 entrées a été atteint. A titre d'exemple, on dénombrait déjà 9000 visiteurs (en incluant les préventes du lendemain) dès le premier jour à 19 heures. Et la billetterie a carrément fermé plus tôt le samedi soir, les 3600 mètres carrés de La Sucrière étant submergés par une foule compacte et enthousiaste. Les 105 brasseurs annoncés étaient également au rendez-vous, dont une sélection purement exceptionnelle d'une quarantaine de brasseurs étrangers, essentiellement des USA, du Royaume-Uni et d'Espagne. Je dis bien "brasseurs" et non pas "brasseries" car il s'agit là d'un des points forts du festival, chaque stand était réellement tenu par le brasseur qui pouvait ainsi prendre le temps de répondre aux questions de visiteurs réellement curieux. Si le public était en grande majorité composé de jeunes, j'ai été agréablement surpris par le nombre de visiteurs féminins. Il y avait aussi des familles. Bref, côté chiffres, tout est bon!
 


Vue de la salle principale et de la mezzanine


Vue de la salle principale et de la mezzanine

Muni de son verre à pied estampillé au logo du festival, le visiteur était tout de suite dans l'ambiance, puisqu'il se retrouvait directement au niveau du dancefloor animé par une ribambelle de DJs. A sa gauche, le bar "French Invasion" avec 12 pressions bien senties, dont deux des célèbres brasseurs masqués! A sa droite, le stand "British Invasion" avec de nombreuses références servie en rotation. Son regard est également attiré par le contenu projeté au-dessus du stand "French Beer Geek" qui affichait toutes les statistiques de dégustation du festival grâce à une extraction temps réel du contenu du site Untappd. Désolé Toninus, tu n'as pas été celui qui a dégusté le plus de références, malgré ton assiduité évidente!
 


Le bar "British invasion"

Le rez-de-chaussée (salle 1930) est en réalité la salle utilisée pour l'édition 2017 du festival, dont la superficie a été doublée en 2018. On est passé de trois allées centrales à deux, ce qui a permis une bien meilleure fluidité du public qui pouvait découvrir 64 brasseurs dans de bonnes conditions. Remarquons la présence d'un espace kid (que je n'ai pas testé!).
 


Brasserie La Comédienne (Avignon)


Brasserie Hexagone & Ales (Saint-Pierre-du-Mont)

Deux escaliers permettaient d'accéder à la mezzanine, regroupant une quarantaine de brasseurs, dont la grande majorité des brasseries étrangères. Il faisait chaud, très chaud, à cet étage, le soleil étant au rendez-vous. On aurait pu craindre que les visiteurs se cantonnent au rez-de-chaussée, mais le plan fourni à l'entrée et une bonne signalétique ont permis au public de bien se répartir. Une partie de l'espace était dédié aux conférences, qui ont connu une bonne affluence. Pour ma part, j'ai fait salle comble avec ma conférence "Tout savoir sur le zythologue" et le public a posé tellement de questions à l'issue de la présentation qu'il était déjà temps de passer au débat sur la festivalisation et les concours de la bière dont j'assurais l'animation. Enfin, je n'étais pas le seul à animer, vu qu'Antoine Blain était venu avec son équipe de groupies!


Conférence "Tout savoir du zythologue"


Conférence "Tout savoir du zythologue"


Débat "La bière, nouvelle star des festivals et des concours!"

Envie de prendre l'air? Eh bien, un vaste espace extérieur accueillait 7 food trucks et il y en avait pour tous les goûts.
 


Vue extérieure, avec les food trucks

Voici mes coups de cœur du festival, du moins pour les brasseries françaises. Côté découverte, La Comédienne (Avignon) offrait des bières de facture classique mais parfaitement équilibrées, le plus souvent avec emploi de houblons nobles. La Chamoise (Bessines) proposait des bières plus engagées dont une gamme "Sous Acide Sour Series" incluant un excellent Imperial Gratzer combinant ferments lactiques, malt fumé, quelques notes vineuses et même une touche de cendres froides. Barallel (Toulouse) est un brewpub ne déclinant ses bières qu'à la pression. Son HMS St Hélène, un porter aux fruits de la passion brassé en collaboration avec Siren Craft Brew, était acidulé et fruité à souhait, occultant dans un premier temps les flaveurs de chicorée grillée et de café moka qui restaient en arrière-plan. Surprenant également, le Tiny Imperial Milk Stout de la brasserie Le Père L'Amer (Thiviers) qui se rapprochait d'un vrai Imperial Stout… avec moins de deux pourcents d'alcool en volume. Côté confirmation, La Montagnarde (Saint-Jean-d'Arvey) proposait L'Abyssale, un véritable Imperial Stout à 16% qui démarrait sur la cerise amarena et la fraise Tagada avant de basculer sur le tabac, l'amande douce, une touche de malt fumé et une finale sur l'espresso bien serré. Toujours de cette brasserie, la Yuzu est une berliner weisse au yuzu sauvage, sèche et crayeuse, avec une jolie âpreté faisant bien ressortir les zestes d'agrumes.

Bref, un festival de stature internationale qui n'oubliait cependant pas de mettre en avant le terroir lyonnais. Si l'on devait malgré tout proposer des idées pour améliorer encore le concept, je suggère la mise en place de points d'eau, à la fois pour se désaltérer et rincer ses verres. Egalement des parcours initiatiques (bières fumées, quand la bière rencontre le vin, bières fruitées… sans fruit, bières peu alcoolisées) qui pourraient conduire les novices de stands en stands en suivant une ligne conductrice définie par exemple sur base des réponses à un questionnaire. Mais bon, je chipote, comme on dit en Belgique.

Bravo aux organisateurs, aux volontaires, aux brasseurs et visiteurs et… vivement la quatrième édition!
 


Wheat The Fuck!