La bière au Japon La bière est la boisson alcoolique la plus consommée au Japon, battant ainsi en brèche l'idée assez répandue qu'il s'agirait du saké. Avec une consommation annuelle de l'ordre de 42 litres par habitant, le Japon supplante la France, avec ses 33 litres par an et par habitant.
Le marché est largement dominé par les bières blondes de fermentation basse titrant aux environs de 5% d'alcool en volume. Les quatre principaux acteurs (Asahi Breweries, Kirin Company, Sapporo Brewery et Suntory) dominent encore largement le secteur, avec plus de 90% de part de marchés. Pour continuer à asseoir leur position, ces géants multiplient les nouveautés avec des variantes saisonnières et des références au monde de la craft beer.
La naissance des microbrasseries au Japon est liée à un changement de la loi en 1994, faisant passer la production minimale annuelle pour obtenir une licence de deux millions de litres à 60 000 litres. Il s'en est suivi l'apparition progressive de microbrasseries jusqu'à atteindre le chiffre actuel de plus de 200 unités de production. La plupart de ces nouveaux-venus sont cependant souvent liés à des producteurs de sakés ou à des groupes industriels (chaînes d'hôtel ou de restaurants,…) désireux de se diversifier.
Où se procurer de la bière? Si vous avez 20 ans, l'âge minimum au Japon pour consommer de l'alcool, il est très facile d'acheter de la bière dans l'un des 60 000 konbinis du pays, sorte de commerces de proximité ouverts le plus souvent 24h/24 et 7j/7. Si les konbinis offrent l'avantage de la proximité, ces petites surfaces ne proposent cependant qu'une offre restreinte et quasi-exclusivement industrielle. De plus, il vous faudra observer attentivement les étiquettes pour être certain que ce que vous allez acheter est vraiment de la bière… mais nous développerons ce point en détail un peu plus loin.
La plupart des bières sont conditionnées en canettes de 350ml, pour un prix variant entre 200 et 400 yens, soit entre 2 et 4 euros. L'usage de bouteille en verre est plutôt réservé au segment des craft beers. Les magasins spécialisés dans la bière artisanale sont peu nombreux, contrairement à ceux proposant parfois des centaines de références de sakés de petits producteurs. Il me paraît donc indispensable de faire une recherche sur internet avant de partir au Japon, afin de trouver de bonnes adresses. Dès lors, pour dénicher de la bière artisanale, il faudra vous tourner vers les bars spécialisés… dont les tarifs vous donneront rapidement le tournis!
A quel prix? Tout d'abord, il convient de demander en entrant si l'établissement pratique la "cover charge". C'est parfois mentionné à l'extérieur, mais l'expérience m'a montré qu'il était utile de le vérifier par soi-même. La "cover charge" est un montant qui sera ajouté à votre note finale, souvent justifié par le fait que vous allez occuper une place dans l'établissement. En contrepartie, vous aurez souvent, mais pas systématiquement, un petit truc à grignoter. Si cette pratique peut s'entendre dans une grande ville comme Tokyo où la place est en effet restreinte, cela devient un peu plus difficile à accepter ailleurs, surtout lorsque les montants demandés avoisinent les 500 yens. De plus, et toujours de manière variable selon les établissements, il faudra parfois encore y ajouter la TVA de 8%. Les bières à la pression sont souvent proposées en trois tailles décrites par des lettres : S (Small), R (Regular) et L (Large). Là aussi, difficile de s'y retrouver car le volume réel servi est rarement mentionné. Ne consommant que des bières "small" afin de multiplier les expériences de dégustation, il m'a été offert des quantités variant de 8 cl à 25cl! Durant mes trois semaines sur place, j'ai observé un prix moyen pour une bière de taille "Small" de 750 yens, soit tout de même 6,50 euros. Le moins cher était de 500 yens et le prix le plus élevé de 1200 yens, pour un DDH Sour IPA de Swan Lake. Bref, vous avez intérêt à déterminer correctement votre budget bière avant de partir… ou alors dégoter un des rares magasins spécialisés et faire un stock… que vous consommerez dans votre chambre d'hôtel! Même dans les grandes villes, le menu ou le tableau décrivant l'offre de bières est rarement traduit en alphabet latin. A moins de connaître les alphabets hiragana et katakana (les deux alphabets phonétiques utilisés) ou les kanjis (sorte de caractères chinois), il faudra essayer de trouver quelqu'un parlant anglais pour vous aider.
Et l'intérêt des produits proposés dans tout cela? J'avais publié un billet en septembre 2018 (http://projet.amertume.free.fr/html/billet26.htm) dans lequel j'étais dithyrambique concernant le secteur de la craft beer en Thaïlande : offre florissante, brasseurs jeunes et passionnés, bières de haute qualité s'inspirant des dernières tendances du moment, nombreux lieux de consommation conviviaux et globalement peu onéreux,… Je serai plus mitigé pour le Japon. La plupart des microbrasseries et des brewpubs sont influencés par un des grands pays de la bière : Royaume-Uni, Belgique, Allemagne et USA, pour le renouveau de la bière craft. Dans un brewpub spécialisé disons dans la bière allemande, vous aurez une Pils, une Altbier, une Kölsch, une Weizenbier et peut-être un Doppelbock, l'idée étant de se rapprocher au maximum des styles originaux. Ce conformisme devient rapidement assez lassant, d'autant plus qu'on est souvent loin du résultat escompté dans les contrées d'origine. Dans un pays où le saké et les condiments fermentés sont légion, il est malheureux qu'il n'existe pas plus de connexion entre ce monde et celui de la bière. Les pratiques ancestrales mises en œuvre pour produire la sauce soja, le miso, les tsukemono (légumes macérés) ou d'autres produits fermentés par l'utilisation de kôji-kin, le "champignon national", auraient pu être source d'inspiration pour le monde de la bière. De même, la symbolique liée aux fleurs de cerisier, traditionnellement associée aux festivités du hanami, aurait pu aboutir à associer plus fréquemment cet arbre à des bières, que ce soit au travers de bières fruitées ou de l'utilisation de malt fumé au bois de cerisier. Et même le yuzu, un agrume acide dont le Japon est le principal producteur et consommateur, n'est que rarement utilisé dans la bière, alors qu'il pourrait avantageusement être employé pour produire par exemple des sours ales fruitées.
Mais au fait, est-ce vraiment de la bière? La question peut faire sourire, mais un système de taxation complexe de l'alcool au Japon aboutit à de possibles confusions. Chaque pays peut avoir une définition légale de la bière différente. Au Japon, il est nécessaire que le poids en malt soit supérieur à 67% des ingrédients fermentables pour utiliser la dénomination bière (ビール). Même si l'emballage ne comprend aucune mention en alphabet latin, le pourcentage de malt utilisé est souvent indiqué en grand, ce qui facilite le choix. Attention cependant, il ne s'agit pas uniquement de malt d'orge, car la loi prévoit l'usage possible de froment, de maïs, de riz, de sorgho, de pomme-de-terre, de sucre et d'amidon. En-dessous de 67% de malt, on achète en réalité un happoshu (発泡酒), parfois appelé "low-malt beer". Cette boisson alcoolisée est devenue très populaire auprès des consommateurs car elle est moins taxée que la bière. Plus précisément, on distingue les happoshus utilisant entre 50% et 67% de malt, ceux employant entre 25% et 50% de malt et ceux contenant moins de 25% de malt. Depuis le lancement en 1994 par Suntory de la Hop's Draft, contenant 65% de malt, la course à la recherche de produits contenant le moins de malt possible fait rage. Et toujours dans le but de payer le moins de taxes, les brasseurs ont créé un nouveau segment dénommé third beer (第三のビール) qui ne contient pas de malt! Pour ce faire, ils ont souvent recours à des protéines de pois ou de soja. Aujourd'hui, la plupart des happoshus contiennent moins de 25% de malt, afin de payer le moins de taxe possible. Pour contrer cela, l'état japonais a décidé de taxer les happoshus entre 50% et 67% de malt de la même manière que la bière. Il est également prévu une uniformisation de la taxation des boissons alcoolisées à l'horizon de 2026.
Quelques bières industrielles ou de grosses brasseries artisanales qui sortent du lot Voici quelques bières intéressantes que vous trouverez facilement dans les konbinis et les supermarchés. YONA YONA ALE de Yo-Ho Brewing Company : Un Pale Ale sec et amer au corps fluet parfaitement désaltérant qui laisse filtrer d'agréables flaveurs acidulées de citron ainsi qu'une légère âpreté végétale évoquant le thé vert JAPANESE RED BEER Akanigori de Nippon Beer : Un profil malté complexe combinant caramel, noisette, bois exotique et des flaveurs d'épices boisées. Puis, le houblonnage s'installe, toujours sur le boisé et l'épicé, mais également avec une amertume un rien résineuse et des flaveurs d'agrumes confits. Bel équilibre d'ensemble. Une réussite pour un degré d'alcool aussi modéré, qui met bien à l'honneur le verre à Chimay suggéré sur la canette ECHIGO Flying IPA de Echigo Beer Co. : Un India Pale Ale facile d'accès, sec et amer, avec une dominante de citron jaune qui assèche encore plus la fin de bouche THE PREMIUM MALT'S de Suntory : Bonne présence du malt Pilsen qui confère un caractère céréalier très naturel. Les houblons nobles sont en embuscade, à la fois épicés et légèrement herbacés, avec juste ce qu'il faut d'amertume en finale. La meilleure lager blonde dégustée au Japon et brassée par le quatrième plus important brasseur du pays FUJIZAKURA HEIGHTS BEER Rauch de Fuji Kanko Kaihatsu Co. (disponible dans la region du Mont Fuji) : Attaque acidulée et soyeuse à la fois, sur le caramel sec. Puis, on distingue clairement le poisson fumé ainsi qu'une touche huileuse de sésame. Finale automnale qui tire un peu sur la viande des Grisons YAWARAGI IPA de Woodmill Brewery (région de Kyoto) : Le houblon Loral est décidemment une de mes variétés préférées, avec des flaveurs boisées et épicées qui tirent sur la menthe poivrée. Notes de camphre en rétro-olfaction. Fond sec et amer de caramel au beurre UNAZUKI Alt de Unazuki Beer : Une Altbier pleine de finesse, au corps délicat, légèrement acidulé, sur les céréales caramélisées, un peu de pomme Granny Smith, ainsi qu'une touche de fruits rouges et d'orange D'une manière générale, toute la gamme de la brasserie Unazuki Beer était constituée d'excellentes interprétations de styles allemands
Quelques adresses à Tokyo
Brussels Beer Project Shinjuku : 18 tirages pression, dont six bières du Brussels Beer Projet. Pas de cover charge. Small : 850 yens. Regular : 1350 yens. Possibilité de plateaux dégustation (flights) uniquement pour les bières du BBP. Peu emballé de prime abord par une adresse pas vraiment locale, j'ai apprécié le choix et la présence de crafts japonaises (Barbaric Works, Outsider Brewing, Zakkoku Koubou,…). Décoration industrielle minimaliste. Ne pas louper la visite des… toilettes, dont les murs sont recouverts d'étiquettes du Brussels Beer Project.
Y.Y.G. Brewery & Beer Kitchen : 13 tirages pression, 7 brassées sur place et cinq guests japonaises. Pas de cover charge. 1000 yens pour 300ml Comme le nom le suggère, on brasse et on cuisine sur place. Pour manger, vous serez dirigé vers le 7ème étage. Les cuves de brassage sont apparentes derrière le comptoir. Terrasse calme et agréable donnant sur la rue. Une bonne adresse pour découvrir les crafts japonaises.
Pour ma part, j'ai apprécié la NATSUIRO Energisch produite sur place (Hazy IPA gourmand, avec une dominante d'orange et de mandarine. Le houblonnage légèrement résineux tire sur le foin en finale. L'amertume reste contenue. Brassé pour la naissance de la fille du manager, Taro Igaya, et commercialisé depuis le 6 juillet 2019), la DARK MATTER d'Uchu Brewing (agréablement fruité, avec la mangue en vedette, mais également un houblonnage épicé, résineux et végétal, sur un fond gourmand. La fraîcheur est évidente et l'amertume vient couronner le tout en finale. On distingue même une pointe de lupuline après quelques gorgées) qui restera au final ma meilleure bière du séjour, la IPA Bianco de Marca (houblonnage très épicé en bouche, à la fois vert, poivré et légèrement camphré. Quelques notes mentholées. Fond de malt Crystal. Amertume modérée) ainsi que la DD4D Hazy IPA (houblonnage épicé, avec une entrée en bouche sur la menthe poivrée, le poivre blanc et une touche de camphre. Le fond est fruité et résineux, mélange indistinct de fruits à chair blanche et d'agrumes. Belle finale sèche avec un retour sur un houblonnage épicé mais également végétal, tirant sur la chlorophylle).
Tap Stand Craft Beer & Pizza : 23 tirages pression dont deux références brassées sur place (Tap Stand Beer Works). Cover charge : 300 yens. Small : entre 700 et 850 yens. Regular : entre 900 et 1050 yens. Large : entre 1100 et 1250 yens Assez onéreux, mais bon choix de crafts japonaises, plus quelques bières des USA (Black Raven Brewing, lors de mon passage). Je n'ai pas testé les pizzas.
Je retiens la T.S.B.W. #002 Tropical-Floater brassée sur place (sec et particulièrement vert et résineux, sur les cônes de houblon séchés qui tirent sur le foin. Ceci masque en partie le caractère fruité d'ensemble, essentiellement sur la mangue mais également les fruits de la passion. Amertume moyenne, en équilibre. Un peu de citron vert en finale) et la SHONAN Brut IPA de Kumazawa Brewing Co. (sec et pourtant incroyablement fruité, sur les fruits tropicaux, en particulier la mangue. De l'amertume également, ainsi que le caractère végétal des cônes de houblon frais. On poursuit sur la signature d'un Brut IPA qui tire sur le vin blanc très sec et pétillant, mais également un peu de vinho verde).
Gremlin : 3 tirages pression, 2 bières en cask, uniquement des crafts japonaises. Pas de cover charge. Small : 700 yens Il faut de la persévérance pour trouver ce pub bien caché dans les sous-sols d'un supermarché. Et il ne faut pas être claustrophobe ni exigeant sur la décoration intérieure. La clientèle uniquement japonaise vient ici pour déguster des bières exclusivement japonaises, dont deux références servies depuis des casks. En voyant votre tête, le patron vous proposera certainement de traduire en anglais la carte des bières qui change quotidiennement.
J'ai apprécié la KIN-ONI Pale Ale de Oni-Densetsu Brewery (super fruité, résineux et amer, avec une incroyable dose de lupuline qui empâte littéralement le palais. Un produit très goûteux sur la mangue, les fruits de la passion, les cônes de houblon frais et toujours cette poudre de lupuline que l'on retrouve en finale) et la YORU NO TOBARI - VEIL OF DARKNESS de Kyoto Brewing Company (attaque gouleyante sur le chocolat et le café moka. Puis, une touche de malt fumé et de cendres froides. On poursuit sur les grains torréfiés et de l'amertume, pour un équilibre parfait).
Asakusa Beer Kobo – Campion Ale : 5 bières pression brassées sur place. Pas de cover charge. Flight : 1800 yens pour 3 half pints. 2/3 pint : 750 yens. Pint : 1000 yens. Big drinker : 2800 yens Une adresse servant uniquement les bières brassées sur place d'inspiration anglaise. Au rez-de-chaussée, 2 places au bar et 11 places assises. Il y a également une vingtaine de places à l'étage.
Pour les gros buveurs, foncez sur le forfait "big drinker" qui vous permettra de déguster à volonté pendant 90 minutes!
Des bières correctes, sans plus. J'ai retenu leur SMaSH Pale Ale Jester (beaucoup de finesse dans ce Pale Ale floral et fruité, assez complexe malgré un corps aqueux. On distingue ainsi de la carambole, un peu de physalis, une touche de litchi et une légère amertume minérale en finale. Un vrai coupe-soif malgré la faible carbonatation et la température de service qui respecte les standards anglais).
Hitachino Brewing Lab : 9 tirages pression, filiale du groupe Hitachino Nest
Un incroyable havre de paix à quelques dizaines de mètres à peine du bruyant et rutilant quartier d'Akihabara. Vous pourrez apprécier l'animation de la ville depuis la terrasse donnant sur la rivière Kanda-gawa. Superbement décoré avec du matériel liée au monde du brassage.
Lors de mon passage, il y avait 8 bières de la maison mère, ainsi qu'une bière présentée comme brassée sur place. On aperçoit d'ailleurs ce qui semble être une microbrasserie fonctionnelle à droite du comptoir.
La bière à retenir : BREWBASE Freaks, brassée sur place (un véritable jus de fruits exotiques, minéral, résineux et très légèrement amer. Les flocons de céréales supportent des fruits de la passion, du citron vert et une dominante de mangue. Un peu de lupuline en finale. Les agrumes s'affirment un peu plus, gorgées après gorgées).
Visite de la brasserie Suntory Tokyo-Musashino Brewery J'ai été invité à découvrir un des quatre sites de production du groupe Suntory, qui avec environ 15% de parts de marché, est le quatrième brasseur du Japon. Comme les autres groupes industriels, ces usines produisent également des happoshus, des third beers ainsi que de nombreuses références non alcoolisées, dont beaucoup de boissons au café à consommer froides.
C'est le bus de la brasserie qui nous conduit directement dans la ville de Fuchū, en périphérie de Tokyo. La devanture me fait rapidement comprendre l'importance du volume produit sur place. Comme toujours au Japon, la visite est très planifiée et millimétrée, ne laissant que peu de place à l'imprévu et aux questions. On insiste énormément sur la qualité de l'eau utilisée, résultat de décennies de filtration naturelle par les couches sédimentaires. On poursuit plus rapidement sur le houblon et les céréales avant de se confronter aux immenses cuves de brassage que l'on observe depuis un espace aménagé. L'accent est alors mis sur la méthode de brassage par double décoction qui consiste à augmenter progressivement la température du moût en en prélevant à deux reprises une partie qui sera portée à ébullition et ajoutée au reste.
Puis, on passe à la fermentation, dans des tanks horizontaux. Une petite photo devant une cuve de 34 009 litres et nous voici devant des maquettes présentant le matériel de filtration. Pas le temps de souffler, il nous faut visionner un film présentant plus en détail le processus de brassage. L'immense baie vitrée donnant sur les cuves se transforme alors astucieusement en écran géant.
Direction le conditionnement, qui occupe une bonne partie du volume de la brasserie. Les robots s'activent, sans présence humaine visible.
Et
comme toute visite de brasserie qui se respecte, nous aboutissons à
l'espace dégustation où des jeunes filles souriantes nous proposent
trois références à la pression… qu'il nous faut déguster rapidement
car le groupe suivant va bientôt arriver! Constitué des grandes tablées en bois clair et de mur en briques, l'endroit est plutôt sympathique, avec ses anciennes cuves de brassage en cuivre suspendues au plafond et servant de luminaires. J'ai été surpris de constater l'existence d'un appareil permettant de littéralement écrire ou dessiner sur la mousse. L'idéal pour souhaiter un joyeux anniversaire ou faire apparaître… un feu d'artifice!
Sur les trois bières dégustées, j'ai retenu THE PREMIUM MALT'S, une excellente Pilsen qui me semblait bien meilleure à la brasserie que conditionnée en canette. Je présume qu'il s'agissait d'une version non pasteurisée.
Quelques adresses à Osaka
Craftman Umami : 8 bières pression, malgré un nombre de becs disponible bien plus important. Cover charge de 300 yens. Small : 450 yens. Regular : 800 yens. Large : 1200 yens
A dix minutes de la JR station. Ressemble plus à une chaîne type 3 Brasseurs, avec un carte de nourriture plutôt fournie. Les huit bières pression proviennent de grosses brasseries artisanales japonaises, sans grande surprise. La bière dénommée UMAMI Pale Ale est présentée comme produite sur place, ce que semble démontrer les cuves rutilantes visibles sur toute le partie gauche de l'établissement. Le seul serveur parlant anglais (un américain, d'ailleurs) m'a cependant informé qu'elle était brassée au One's Brewpub, une autre microbrasserie d'Osaka appartenant au même groupe. Si la décoration est plutôt soignée, avec un éclairage travaillé mettant en avant un look industriel faisant la part belle au béton et à l'acier, il vous faudra supporter le bruit assourdissant du métro qui passe au-dessus de vos têtes toutes les 3 à 4 minutes.
Brewpub Center Point : 5 bières pression brassées sur place. Pas de cover charge. Small : 400 yens. Regular : 500 yens. Large : 600 yens. Flight (trois bières au choix) : 1000 yens Un brewpub situé à 20 minutes à pied de la JR Station. L'effort sera néanmoins largement récompensé! La partie donnant sur la rue est un restaurant barbecue. La brasserie est située au fond, avec le matériel visible à droite du comptoir.
Contrairement à ce que le nom indique, il s'agit plutôt d'un quartier résidentiel. Le "Center Point" est de fait la sélection des bières maison, de très bonne facture et d'un rapport qualité-prix imbattable, surtout si vous prenez un plateau dégustation. Le patron est super sympa et les clients, exclusivement japonais, n'hésiteront pas à discuter avec vous lorsqu'ils atteindront l'état d'ébriété… ce qui semble assez rapide au Japon puisqu'une ou deux bières suffisent!
Au menu lors de mon passage, une Weizen With Oats, une excellente Ninja black, une English Smoked Pale Ale, un German IPA, un Smoked Porter et un SMASH Citra – Pilsner. Le tout était tout simplement excellent et très frais!
Quelques adresses à Kyoto Kyoto Beer Lab : 8 bières pression brassées sur place. Pas de cover charge. Half pint : 700 yens. Pint : 1000 yens. Tasting set (3 bières au choix) : 1400 yens. Vente à emporter pour les bières
Avec son slogan "Love beer, brew beer", cette microbrasserie constitue mon choix préféré de tout mon voyage au Japon. Situé au rez-de-chaussée d'un petit immeuble, il s'agit d'un endroit calme fréquenté aussi bien par les locaux que les touristes. Pas de terrasse, mais une quinzaine de places assises. Les cuves sont visibles derrière les huit tirages pression débitant les bières maison à l'aide de poignées en bois de théier.
Après avoir dégusté la gamme complète des bières brassées sur place, j'ai sympathisé avec un habitué qui s'est révélé être organisateur de festivals brassicoles et la personne ayant confectionné les poignées de tirages pression citées plus haut.
Toutes les bières étaient intéressantes et trois d'entre elles étaient carrément exceptionnelles. La Sucker Punch est parfaitement sèche et très citrique (pH : 2.8), avec une belle netteté qui désaltère parfaitement et cache le degré d'alcool annoncé (8.5% alc. vol.). On observe également un beau kick fruité de citron vert et de fruits de la passion. Un peu de café dénote agréablement en rétro-olfaction. Longue finale astringente et terriblement citrique, toujours sur les fruits de la passion.
La 2019 Outer cosmos est un IPA intensément fruité, mais également alcoolisé, combinant ananas, mangue et mandarine. Fond de flocons de céréales. L'amertume vient agrémenter la finale. La Bari Bali Porter est proche d'un Belgian Stout, sucré et huileux à souhait, avec la pulpe de noix de coco qui explose en bouche. On poursuit sur le boisé, la vanille et le café moka. De l'huile de sésame également, et un peu de solvant en rétro-olfaction.
Craft House Kyoto : 12 tirages pression, dont 8 réellement utilisés lors de mon passage. Uniquement des crafts japonaises. Small : 750 yens. Regular : 900 yens. Large : 1100 yens
Terrasse à l'extérieur. L'intérieur est constitué d'un grand comptoir derrière lequel on aperçoit une cuisine. De fait, la clientèle exclusivement locale mange et boit directement sur le comptoir.
Seule la Dosayusa II de Be Easy a retenu mon attention (résineux et huileux, sur fond de malt Carapils. Puis de l'amertume, de la mandarine et des relents d'alcool).
Une adresse à Nara NARAmachi Brewery – Brasserie Mugiya : 7 tirages pression proposant des bières brassées sur place. Pas de cover charge. Regular : 820 yens. Large : 1080 yens Un endroit très calme, isolé du flux oppressant des touristes. Il faut dire que la ville abrite des œuvres d'art et des temples importants qui remontent au VIIIe siècle, lorsqu'elle était la capitale du Japon. On se situe dans un quartier résidentiel, à 600 mètres au sud de la zone touristique. Un endroit très classe, avec une musique jazzy et une clientèle plutôt huppée qui paraît quasi-exclusivement féminine. Les cuves de brassage trônent derrière le bar.
La façade du bâtiment est ornée de bois. On retrouve des boiseries dans tout l'intérieur, avec de la lumière naturelle tamisée et des éclairages indirects.
Pour une fois, je retiendrai une Hefeweizen. Il s'agit de la Haku Weizen, agréablement sèche et céréalière. On a l'impression que le froment cru et le froment malté se déposent sur le palais, apportant des flaveurs de pain frais. On distingue ensuite les esters de banane en provenance de la levure phénolique, ainsi qu'une pointe d'amertume en finale, le tout avec beaucoup de finesse.
Sinon, la Kuro Stout était également intéressante, avec son attaque huileuse qui recouvre le palais avec de la noisette et de l'huile de sésame. On poursuit sur le fondant au chocolat, le café moka et un peu d'amertume en embuscade. Très goûteux pour un degré d'alcool modéré.
Une adresse à Kanazawa Une nouvelle destination touristique, depuis que la ville a récemment été reliée au réseau de train à grande vitesse et qu'une magnifique gare y a été construite. On est théoriquement en bord de mer, mais cela ne se voit pas. Les japonais ne semblent en effet pas être de grands nageurs, que ce soit dans la mer ou dans les lacs visités.
Oriental Brewery – site d'Higashiyama : 8 tirages pression dont 6 bières brassées sur place et 2 guests. 25cl : 700 yens (bières maison) ou 800 yens (guest beers)
Avec ses 12 places assises et ses 9 places au comptoir, il s'agit pourtant de l'adresse principale où l'on brasse. Le groupe possède également deux autres pubs à Kanazawa, un situé dans la gare et un autre dans le quartier de Kohrinbo.
Certaines des bières maison sont disponibles en bouteille, pour emporter. Rien de transcendant dans les six bières proposées, sauf peut-être leur Lager, sorte de kellerbier blonde, sèche et fortement amère, avec une levure terreuse bien présente qui assèche la fin de bouche jusqu'à devenir légèrement astringente… et terriblement désaltérante! Egalement une touche végétale de gentiane.
Rien
d'inoubliable, mais l'adresse est un point de départ idéal pour
visiter le quartier geisha d'Higashiyama.
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